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lundi 7 septembre 2015 10:12

C'est quoi apprendre ? de Philippe Meirieu

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C'est quoi apprendre ?

L'ouvrage : Sous forme d'entretien, Philippe Meirieu répond à un collégien sur « c'est quoi apprendre ? » et donne sa vision de l'éducation, de la pédagogie et du savoir.

Mon avis : Il s'agit d'un ouvrage paru dans la collection « Les grands entretiens d'Émile[1] » où Émile[2], un collégien de la campagne rencontre des personnalités de différents domaines[3].

En réponse aux questions d'Émile, Philippe Meirieu[4] développe ses théories sur l'éducation. De nombreuses illustrations de Pascal Lemaître[5] accompagnent les réponses afin d'apporter une petite touche d'humour au contenu. Je précise que je ne travaille pas pour l'Éducation Nationale, mais je connais bien le milieu. C'est un ouvrage qui est fait en priorité pour les adolescents, mais que les parents peuvent lire sans problème. Par contre, vu les notions utilisées et le vocabulaire employé, je ne suis absolument pas certain que ce livre soit accessible à tous les adolescents. Je dirais qu'il est accessible à ceux qui n'ont pas forcément besoin de le lire.

Le pédagogue explique ce qu'est la pédagogie et que tout le monde est concerné: enseignants, famille, médias etc. Il enfonce quelques portes ouvertes : oui il faut réformer l'éducation. Il explique que le collège doit se réformer afin de mieux aider les élèves, de manière plus juste. Certaines pistes sont intéressantes. Il cite les élèves qui ont laissé tomber le travail scolaire, par peur de la note, et parce que c'est plus simple que de combler des lacunes. Les cours magistraux doivent être réduits, au profit d'autres systèmes permettant la construction de la personne et du savoir. Il faut faire le lien entre la théorie et la pratique (il cite le théorème de Pythagore comme exemple).
Il précise que les enseignants font de leur mieux avec ce qu'on leur donne. C'est vrai, car aider les élèves en difficultés, tous les enseignants sont pour, mais on ne leur donne ni le temps ni les moyens de le faire correctement (et ce n'est pas la réforme du collège 2016 qui va arranger les choses).

J'ai l'impression que Philippe Meirieu est éloigné de la réalité de terrain des collèges. Malheureusement, tous les élèves ne sont pas comme Émile, loin de là. En outre, Les enseignants ne peuvent pas réussir sans les familles. Certaines, à tort ou à raison, ont une image négative de l'École et ne se gênent pas pour le faire savoir à leurs enfants. Ce qui conduit souvent ces derniers à ne pas travailler, « car cela n'a pas d'utilité ». Depuis trente ans, les différentes politiques éducatives ne vont que dans un seul sens : c’est trop difficile, donc on baisse les exigences. Ensuite on s'étonne que les résultats soient en baisse constante et on réforme à nouveau, dans le même sens. Il n'y a qu'à regarder les consignes de correction pour le Brevet des collèges ou le Bac, pour comprendre que ces épreuves n'ont plus aucun intérêt.

Il est clair, comme Philippe Meirieu l'indique, que l'École doit être plus en phase avec la société. Il souhaite une école plus égalitaire. Que l'enseignant permette à l'élève de se construire petit à petit, etc. L'auteur indique aussi que les enseignants ont pas mal de contraintes et une certaine liberté dans leur façon d'enseigner, qui peut permettre, de se rapprocher, un peu, de cette égalité.
Or, il ne précise pas que dans les réformes scolaires actuelles, les contraintes vont se renforcer au détriment de cette liberté. Au lieu d'obtenir une égalité, il n'y a que les élèves qui sont soutenus par leur famille qui sortiront, encore une fois, leur épingle du jeu.

C'est un petit ouvrage à découvrir, mais à prendre avec du recul.

Une version numérique de ce livre m'a été envoyée par les Éditions de l'aube.

Titre: C'est quoi apprendre ?
Auteur: Philippe Meirieu
Éditeur: Éditions de l'aube
Nombre de pages: 94
ISBN: 978-2-8159-1128-3
Date de publication: 20 août 2015

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vendredi 4 septembre 2015 22:19

L'âge des miracles, de Karen Thompson Walker

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L'âge des miracles

L'histoire : En octobre, l'humanité se rend compte que la rotation de la Terre ralentit. Julia, une adolescente qui vit en Californie, témoigne des bouleversements que ce changement a engendrés.

Mon avis: Ce livre est sorti en 2012, sous deux couvertures : une orientée « Young Adult » et une autre pour le public adulte. Je trouve que cette différentiation marketing n'était pas utile. De plus, je pense que la couverture « Young Adult » attire davantage le regard que l'autre qui est plus insipide (la meilleur étant celle de l'édition de poche dont l'image illustre cette chronique). Julia raconte son histoire. On sait dès le départ que beaucoup de temps s'est écoulé. La jeune fille a un regard distant sur les événements qui ont bouleversé sa vie et celle de la planète. Les modifications engendrées par le ralentissement, conduisent l'Homme à changer ses façons de faire, à s'adapter, tout en suivant les règles qui lui sont édictées. Cela ne va pas sans heurts.

On ressent un peu de nostalgie dans les propos de Julia, mais en même temps, il y a une lassitude face à ce qui semble inéluctable. Le ralentissement est source d'effets secondaires, du type « effet papillon ». Julia raconte la première année après le déclenchement du phénomène et les perturbations qui s'enchaînent. Elle parle de sa famille, de ses amis, de ses voisins. Les relations familiales changent. Certains voisins se retrouvent ostracisés, car ils n'ont pas les mêmes convictions sur la conduite à tenir. L'auteur a travaillé sur le côté psychologique de cette situation. Julia nous fait part de ses doutes, parfois de ses peurs, de son amour pour Seth, son camarade, mais on sent que ce récit a posteriori, gomme en grande partie le ressenti de la Julia adolescente. Il y a un survol des différents thèmes abordés. Il y a une découverte de l'adolescence par Julia qui va comprendre que la vie est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.

Je pense qu'une analyse plus approfondie et des personnages plus épais auraient apporté une autre dimension à ce récit. On ne ressent pas le côté dramatique de la situation. Bien sûr, douze ans, c'est le temps de l'insouciance, mais cela ne transparaît pas vraiment dans le récit. Les effets sur la nature et sur l'Homme sont détaillés, mais sans plus. Le lecteur comprend bien dans quelle direction évolue ce monde. C'est ce qui pousse à une réflexion « et si jamais ça arrivait, qu'est-ce que je fais ? ».

La lecture tient en haleine, grâce à quelques ficelles bien employées. La fin est suggérée. C'est bien fait et très clair. Pourtant, après avoir refermé le livre, je me suis dit: « ah… C'est tout ? Rien de plus ? » Le style est agréable, mais ce livre manque de profondeur. C'est dommage, je sors de cette lecture avec un avis mitigé.

Titre: L'âge des miracles (The Age of Miracles)
Auteur: Karen Thompson Walker
Éditeur: 10/18
Nombre de pages: 327
Traduction: Alice Delarbre
ISBN: 978-2-2640-6106-5
Date de publication: 20 février 2014

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mercredi 2 septembre 2015 23:18

Vengeance par procuration, de Mary Jane Clark

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Vengeance par procuration

L'histoire : Tuxedo Park. Vincent Wheelock et sa femme, Valentine, organisent une soirée. Au cours de celle-ci, Vincent met fin à ses jours de façon spectaculaire, laissant derrière lui des d'étranges indices.

Mon avis : C'est le premier roman que je lis de l'auteur et j'ai été agréablement surpris. La structure de l'intrigue est certes classique, mais le style est fluide et vif. Les chapitres sont courts. Cela renforce ce sentiment de rythme soutenu. L'histoire se déroule sur dix jours (vingt-six en comptant l'épilogue).

Mary Jane Clark livre régulièrement des éléments qui laissent planer le doute sur le ou les responsables des crimes qui ont lieu. De plus, à différents moments, apparaissent des passages en italique correspondant aux monologues du meurtrier, ce qui renforce le suspense.

Le personnage principal, Eliza Blake, est journaliste. Elle est le point central de ce roman et fait le lien entre les différents personnages. D'ailleurs, Eliza n'enquête pas seule, et le plus souvent, les progrès dans l'investigation sont dus à certains de ses collègues. Le quartier de Tuxedo Park est un lieu fermé et privilégié. Pourtant, c'est ici que se déroule la plupart des crimes qui jalonnent l'histoire. Et c'est dans ce lieu que plane un mystère de plus de vingt ans.

Le dénouement se déroule sur quelques pages. Il aurait peut-être été intéressant de le développer un peu plus, surtout quand on découvre les motifs du meurtrier. Ça fait un peu léger pour tuer de nombreuses personnes en pensant ne pas être découvert.

Si la lecture est agréable, je n'ai pas vraiment eu d'empathie pour les personnages. Eliza Blake est une journaliste classique, sans trop de relief, qui aspire à mener une vie de famille tranquille. Il y a plusieurs allusions à des romans précédents dont elle était déjà l'héroïne. De nombreux romans de Mary Jane Clark tournent autour de Key News, la chaîne de télévision où travaille Eliza.

Ce livre m'a été envoyé par les éditions l'Archipel par l'intermédiaire de l'agence de communication LP conseils.

Titre: Vengeance par procuration (Dying for Mercy)
Auteur: Mary Jane Clark
Éditeur: l'Archipel
Nombre de pages: 327
Traduction: Mathieu Périers
ISBN: 978-2-8098-1706-5
Date de publication: 1 juillet 2015

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vendredi 28 août 2015 13:56

Le contrat Salinger, d'Adam Langer

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Le contrat Salinger

L'histoire :
Adam Langer, petit écrivain, revoit après quelques années l'auteur célèbre Conner Joyce. Ce dernier lui fait alors de drôles de confidences.

Mon avis :
Il s'agit d'un roman qui tourne autour des livres, de ce qui pousse à la création et des mystères qui entourent parfois les auteurs. L'histoire se veut psychologique, avec des touches de légèreté. Le ton employé est percutant. L'ensemble est agréable à lire. Les livres et auteurs célèbres sont au centre de l'histoire.

L'auteur décortique un peu les relations d'un auteur avec son éditeur, surtout lorsqu'un ouvrage se vend bien. L'écrivain, lui, a parfois besoin d'un stimulant pour passer le barrage de la page blanche et quoi de mieux que de n'avoir aucune contrainte (ou presque) pour écrire un seul livre ? Le thème de la manipulation est encore à l’œuvre ici. Le romancier parvient, avec son style, à créer un suspense, jusqu'à la chute finale. Il y a des rebondissements, parfois inattendus, mais on comprend aussi, en arrière-plan, que le monde de l'édition est impitoyable.

Ce qui pousse un auteur à écrire ? Adam langer apporte sa réponse. C'est logique, implacable et totalement banal. C'est ce qui fait le charme de ce roman. Parfois, la frontière entre la réalité et la fiction est mince.
Adam Langer raconte lui-même l'histoire. Du moins, il raconte ce que lui a raconté Conner Joyce, avec par moments, ses interrogations, ses doutes et même parfois un peu de regrets.
Les relations entre Adam Langer et Conner Joyce sont intéressantes, mais semblent superficielles. J'ai trouvé que cela manquait un peu d'épaisseur. Dans l'ensemble, il manque du contenu chez les différents personnages, ce qui est dommage.

Malgré cela, j'ai suivi avec intérêt les pérégrinations des deux protagonistes. Il y a deux histoires avec peu d'interaction entre elles, sinon les rencontres des deux personnages. La fin de l'histoire est peut-être un peu trop simple, mais tout se tient.

À découvrir !

Ce livre m'a été envoyé en version numérique par les éditions Super 8.

Titre: Le contrat Salinger (The Salinger Contract)
Auteur: Adam Langer
Éditeur: Super 8 Éditions
Nombre de pages: 308
Traduction: Émilie Didier
ISBN: 978-2-3705-6029-2
Date de publication: 19 août 2015

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mercredi 26 août 2015 17:55

Un caillou dans la chaussure, de Mathieu Tazo

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Un caillou dans la chaussure

L'histoire :
Barjance, petit village de 200 habitants du sud de la France. Samuel Marion est revenu y vivre il y a cinq mois et demi. Il raconte sa vie et le meurtre qu'il n'aurait jamais dû commettre lorsqu'il était adolescent...

Mon avis :
Il s'agit du deuxième roman de l'auteur (je n'avais pas été attiré par «La dynamique des fluides»). Ce roman est rythmé. Samuel Marion nous livre son histoire ou plutôt sa confession sur sa vie et sa grande erreur de jeunesse. Il nous fait part de ses doutes et nous donne ses explications. Il analyse les faits qui l'ont poussé à tuer ce gendarme vingt-cinq ans auparavant. Mais cela ne l'empêche pas de dormir. C'est plutôt l'éventualité de se faire prendre qui le dérange. Réétudier le meurtre va le conduire à découvrir de nouveaux éléments qui vont éclairer les faits d'un nouveau jour.

Je me suis attaché à Samuel. Pourtant il n'a rien d'héroïque. Ce serait même le contraire. Il manipule son entourage et semble mal dans sa peau. Il joue un rôle face au monde, n'arrive pas à être lui-même. Par moments, il semble avoir le comportement d'un adolescent ne sachant pas ce qu'il veut (surtout vis-à-vis de Sonia). Le meurtre de ce gendarme a bouleversé sa vie. Cette confession est une catharsis pour lui. En même temps, il a un certain recul quant aux événements qui se sont déroulés au cours des mois qui ont suivi son retour à Barjance. Cela lui permet de faire preuve d'un certain cynisme dans ses propos.

Barjance est un petit village qui vit presque en autarcie. On y retrouve l'ambiance qu'on imagine d'un lieu reculé du sud de la France, avec ses anciens, ses méthodes, ses accents chantants. Le tout est bien restitué, ce qui donne une profondeur à la narration.

Les personnages secondaires, Sonia, George, Patrick, la mère de Samuel apportent des effets tragiques ou comiques selon les moments. Exemple, sa mère qui pense que son fils est un agent secret envoyé par le Président de la République pour redresser la situation du village, ou Sonia qui l'appelle régulièrement « mon doudou », et qui se met à bouder comme une adolescente.

Entre manipuler et être manipulé, la frontière est mince. Mathieu Tazo réussi à maintenir cette sensation de doute au cours de ce roman.

J'ai apprécié cette lecture, le style vif de l'auteur et je vous recommande cet ouvrage.

Ce livre m'a été envoyé par les éditions Daphnis et Chloé.

Titre: Un caillou dans la chaussure
Auteur: Mathieu Tazo
Éditeur: Daphnis et Chloé
Nombre de pages: 333
ISBN: 979-10-253-0047-3
Date de publication: 24 juin 2015

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