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lundi 21 avril 2014 12:02

De la part d'Hannah, de Laurent Malot

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De la part d'Hannah

L'histoire :
1961, dans un petit village de Dordogne, Hannah (bientôt onze ans), rentre chez elle après trois ans passés dans un sanatorium. Elle retrouve son père et ses grands-parents. Elle va faire une découverte sur elle-même et sur sa mère disparue huit ans plus tôt...

Mon avis :
Voici une histoire bien construite, un scénario simple, mais accrocheur. L'histoire d'Hannah est prenante et le lecteur suit avec attention la vie quotidienne de cette fillette. Hannah découvre des secrets de famille et commence à voir son regard évoluer, en pleine guerre d'Algérie. Le contexte a son importance dans ce récit : une dizaine d'années après la fin de la seconde guerre mondiale, dans un petit village qui tarde à s'ouvrir au monde extérieur.

Les non-dits, les aigreurs, les mégères ont leur place dans ce récit, que le langage simple d'Hannah vient dédramatiser. Son regard, son attitude, sa façon de parler sont criants de vérité.
La présence d'un bordel au village est un drame sans nom pour les bien-pensantes de la communauté, tout comme la présence de la mère d'Hannah au sortir de la guerre. On découvre les regards étriqués, je dirais même la jalousie, qui émanent de ces personnes qui ont besoin de montrer qu'elles existent. Les grands-parents d'Hannah sont en avance sur leur temps, d'une certaine manière : ils vivent tous les deux dans le même village, mais dans des maisons différentes, car ils ne se supportent plus. Le père d'Hannah, lui, est étrange : il est autoritaire, mais fuit devant ses responsabilités. Il donne l'impression de ne pas être au bon endroit et de ne pas comprendre le monde qui l'entoure.

L'ostracisme, la différence, et même d'une certaine manière, l'indifférence, sont les ingrédients de ce roman que nous conte une fillette qui a un caractère bien trempé. Cette lecture, sans drames à outrance, fait vraiment du bien.

Éditeur: Robert Laffont
Nombre de pages: 225
ISBN: 978-2-221-13554-9

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lundi 7 avril 2014 09:18

Entre dans ma vie, de Clara Sanchez

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Entre dans ma vie

L'histoire:
Veronica a une mère hyper protectrice. Il y a toujours des moments de tension au sein de sa famille, jusqu'au jour où elle découvre qu'elle a eu une sœur, Laura...

Mon avis :
L'auteur a pris le parti de faire une narration à deux voix : un chapitre raconté par Veronica, puis un raconté par Laura. Le lecteur voit grandir les deux jeunes filles et suit en parallèle l'évolution des deux familles. Aucune des deux familles n'est conventionnelle : l'une est obsédée par la disparition d'un enfant, et l'autre a peur que l'on découvre son secret. En fin de compte, aucune des deux enfants n'a la vie saine et équilibrée que l'on pourrait attendre d'une famille.

C'est surtout l'évolution psychologique de Betty qui est racontée, sa lente descente aux enfers suite à la perte de sa fille, malgré la présence de ses deux autres enfants. On ressent sa détresse, son mal-être, sa solitude. Veronica finit par entrer dans le monde de sa mère pour comprendre ce qui se passe et décide de poursuivre la quête de vérité que sa mère a entreprise. Les découvertes qu'elle fera la laisseront dubitative, dans un premier temps, puis elle comprendra les raisons qui ont poussé sa mère à agir comme cela.

Laura semble avoir une vie meilleure, sans problèmes financiers dans sa famille. Mais elle a une grand-mère très possessive, tandis que sa mère est très volage et ne pense qu'à s'amuser. La jeune fille ne s'intéresse pas trop aux quelques incohérences de sa vie afin de ne pas ennuyer sa mère. J'ai eu l'impression qu'elle était prisonnière de sa vie, de son milieu.

Le style de l'auteur est clair et simple, la lecture est fluide. Le livre est découpé en trois parties et cette structure est cohérente avec l'histoire racontée. On s'attache aux deux jeunes filles et on suit avec intérêt leur émancipation. Le thème du roman s'inspire du scandale d'État sur les enfants volés en Espagne des années 1950 à la fin des années 1980[1].

Ce livre m'a été offert par les éditions Marabout par l'intermédiaire de l'agence de communication LP Conseils.

Éditeur: Marabout
Nombre de pages: 472
ISBN: 978-2-501-08304-1

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mercredi 2 avril 2014 07:02

La vraie vie de Kevin, de Baptiste Rossi

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La vraie vie de Kevin

L'histoire :
Kevin Mouche a seize ans. Adolescent désoeuvré, il accepte de participer à une émission de téléréalité un peu particulière. Chaque choix de sa vie est soumis au vote des téléspectateurs...

Mon avis :
L'auteur, Baptiste Rossi, a dix-neuf ans. Avec ce roman, il a eu une bonne idée. Le lecteur trouvera une satire crédible du potentiel dérapage des médias, de l'utilisation qui en est faite par la population et surtout, les jeunes qui sont souvent déconnectés des réalités. D'ailleurs, le choix du prénom du héros n'est pas anodin.

Les thèmes de l'adolescence, de la société sans limites pour faire de l'audience ou gagner facilement de l'argent, sont vraiment bien amenés et utilisés au cours de l'histoire. Kevin est totalement dans son monde: un monde virtuel, où le superflu et l'accessoire semblent la norme. Il est scotché sur Facebook vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les autres membres de sa famille ne sont pas en reste : sa mère ne pense qu'à elle-même, son père semble désabusé. Seule, sa jeune sœur semble avoir les pieds sur terre: elle crie au scandale quand elle voit comment l'émission évolue. Le responsable de l'émission, Antoine Soro est totalement déjanté: il a des idées surréalistes pour faire de l'audience et donc gagner beaucoup d'argent. (Mais quand je vois certaines émissions de télévision, ce n'est peut-être pas si déjanté que ça...)

Même si Baptiste Rossi caricature un peu, le lecteur retrouvera une société qu'il connaît. L'auteur va loin dans les événements qu'il déclenche, et par moments, je me suis dit que cela pourrait arriver réellement s’il n'y avait pas les garde-fous nécessaires. Du côté des reproches, Baptiste Rossi a choisi d'aborder l'histoire en dévoilant la fin, puis de la raconter. Je trouve que cela diminue fortement l'impact du roman. Par moments, il a un style clair et limpide, et puis il part dans des digressions et circonvolutions sans fin afin d'essayer de faire comprendre la psychologie d'un personnage. À mon avis, tous ces passages alambiqués alourdissent l'histoire et freinent la lecture. C'est vraiment dommage, car cela rend ce roman moyen, très moyen.

Éditeur: Grasset
Nombre de pages: 236
ISBN: 978-2-246-81175-6

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lundi 31 mars 2014 10:37

Schroder, de Amity Gaige

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Schroder

L'histoire :
Un homme raconte l'histoire qui a mené à l'enlèvement de sa fille et à sa fuite à travers le pays.

Mon avis :
Voici un roman psychologique. Le personnage principal nous raconte sa vie, ses pensées, ses états d'âme. Il a subi une enfance tourmentée et veut réussir son intégration dans son nouveau pays, les États-Unis. Pour se faire accepter dans un camp de vacances, il change de nom est devient Eric Kennedy. Quoi de mieux, pour s'intégrer, que de changer d'identité ?

Eric va donc se bâtir une nouvelle identité et une nouvelle vie, mais un jour, tout éclate. Va suivre une lente descente aux enfers que rien ne semble pouvoir arrêter. Le personnage d'Eric est complexe. Il a des réactions, par moments, que je qualifierais de tordues, comme le passage sur le renard. Le lecteur suit son cheminement, même si il n'est pas toujours compris. Eric est tourmenté entre son passé qui refait surface et Meadow, sa fille de six ans, qu'il ne veut pas quitter. Le lecteur se rend compte que la situation entre Eric et son père, Otto, n'est pas très nette. Eric semble vouloir effacer cette partie de sa vie. Le personnage semble, par moments, peu mature: Meadow, la petite fille, ayant, semble-t-il, plus la tête sur les épaules que lui. Quand le passé remonte à la surface, la personnalité qu' Eric s'est construite se lézarde complètement.

À un moment, j'ai pensé: « Il aurait besoin d'un psy, c'est un névrosé ! ». Son récit est une sorte d'analyse, de justification de ses actes, et il estime qu'il a agi pour le mieux. La seule chose dont le lecteur est sûr, c'est qu'Eric aime, à sa manière, sa fille, et qu'il fera tout pour la garder près de lui. Il est égocentrique, tout tourne autour de lui. Cela se retrouve dans les actions qu'il entreprend et les reproches qu'il fait à son entourage.

L'écriture est fluide. Le personnage principal fait des digressions. Une fois entré dans le livre, j'ai eu du mal à le refermer. La confession nous met mal à l'aise.

Éditeur: Belfond
Nombre de pages: 343
ISBN: 978-2-7144-5453-9

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jeudi 20 mars 2014 22:26

Les jeunes mariés, de Nell Freudenberger

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Les jeunes mariés

L'histoire :
Amina vit aux États-Unis. Le lecteur découvre sa vie quotidienne avec George, suite à leur rencontre sur Asianeuro.com.

Mon avis :
Il y a dans ce livre la rencontre de deux cultures qui essaient de se comprendre, mais les non-dits pèsent lourd dans la balance. J'ai eu du mal à entrer dans le roman, et la fin m'a laissé perplexe. Amina vit cette nouvelle vie aux États-Unis dans un seul but : faire venir ses parents du Bangladesh et quitter les difficultés rencontrées au pays.

Un narrateur omniscient nous raconte la vie des principaux protagonistes à travers le point de vue d'Amina. Le lecteur suit l'évolution de leur situation et les réflexions qu'apportent les événements à la jeune femme. Celle-ci se pose de nombreuses questions sur ses choix. Elle a des hésitations. Elle découvre la réalité de la culture américaine qu'elle ne connaissait qu'au travers de séries américaines. Elle découvre aussi que cette vie ne sera pas aussi simple qu'elle le pensait au début.

George, lui aussi, a l'air étrange. Il est assez renfermé sur lui, et ne laisse pas trop transparaître ce qu'il ressent à moins d'y être acculé. J'ai trouvé les mentalités des personnages assez étriqués dans l'ensemble. On sent qu'Amina n'aime pas George, il s'agit juste d'une porte de sortie pour un avenir apparemment meilleur. Ses parents l'ont éduqué dans ce but. Eux aussi ont des réactions étranges, ils ont également le culte du secret sur certains événements qui surviennent, et le lecteur découvre qu'ils ne sont pas totalement innocents quant à l'origine des ennuis qu'ils ont. La vie au Bangladesh vu par nous, occidentaux, semble relever d'un autre temps, de mœurs et de méthodes arriérées.

Pour George et sa famille, il n'y a pas trop de différences avec Amina. Sa famille semble apprécier et accepter Amina, mais pas pour d'honnêtes raisons. George, lui aussi, ne se marie pas par amour. Même s'il dit le contraire, on sent bien que ce n'est pas le cas. Je n'ai pas trouvé cette situation saine, surtout lorsque le lecteur découvre la réalité des choses. Il y a peut-être un point de basculement positif en fin de roman, mais étant donné la teneur de l'histoire, je suis assez dubitatif.

Éditeur: Quai Voltaire
Nombre de pages: 427
ISBN: 978-2-7103-7026-0

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